J’analyse la situation existante

La façade présente-t-elle des problèmes de stabilité ?

Si la façade montre des faiblesses au niveau de sa stabilité (fissures, hors aplomb, …), elle doit nécessairement faire l’objet d’une étude par un ingénieur compétent, pour envisager sa modification. 

La façade présente-t-elle des problèmes d’humidité ascensionnelle ?

En l’absence de barrière étanche au sein des murs, l’eau du sol peut remonter dans les murs par capillarité. Le bas des murs est alors humide. Les problèmes d’humidité ascensionnelle, s’ils ne sont pas résolus,

Peuvent être aggravés par l’isolation de la façade. En effet, la façade n’étant plus exposée sur ses deux faces, l’humidité ne peut plus sécher aussi facilement qu’avant sa modification. L’humidité ascensionnelle peut entrainer des problèmes de moisissures et de pollution de l’air intérieur par leurs spores, ainsi que la dégradation des éléments de construction et de finition par la prolifération de champignons. L’humidité amoindrit également les performances thermiques de tous les matériaux.

La façade présente-t-elle des problèmes d’infiltration de l’eau de pluie?

Une des fonctions de la façade est de protéger l’intérieur des intempéries. Si une rénovation par l’extérieur est envisagée, l’état initial importe peu, l’étanchéité sera assurée par la nouvelle finition extérieure. Par contre, si une isolation par l’intérieur est envisagée, il est nécessaire d’assurer l’étanchéité de la façade existante avant les travaux. Les fissures éventuelles et défauts de rejointoyage seront réparés, un produit hydrofuge (peinture ou finition incolore) peut être appliqué ou toute autre technique pertinente mise en œuvre. Il est essentiel de conserver une perméabilité à la vapeur suffisante des couches extérieures du mur pour que l’intervention ne provoque pas de problème de condensation au sein de la façade.

La façade a-t-elle une valeur architecturale, patrimoniale importante?

Les écoles font partie du patrimoine qui nous entoure. Certaines façades sont les témoins d’une époque et d’un style architectural et mérite d’être conservées à ce titre. Pour d’autres, c’est moins clair. Une réflexion doit être menée, avec un architecte compétent. Toute modification de façade étant soumise à l’octroi d’un permis d’urbanisme, il est également intéressant de discuter les solutions envisagées avec les autorités communales compétentes.

Pour alimenter la discussion, les réflexions ci-dessous peuvent être utiles :

La plupart des bâtiments anciens portent les marques d’interventions successives, chacune étant le reflet d’une préoccupation et d’un style liés à son époque. Les préoccupations de notre temps sont liées aux défis énergétiques et environnementaux majeurs auxquels notre société doit faire face sous peine de se condamner. Il est de ce fait totalement normal et légitime que cette préoccupation et les actions qui y sont liées modifient les bâtiments, dans leur fonctionnement et dans leur apparence.

Notre époque a tendance à figer les bâtiments dans leur esthétique patrimoniale. Permettre le changement, l’intervention d’architectes contemporains sur les bâtiments témoigne d’une confiance dans les générations actuelles et futures, plutôt que de la nostalgie d’un passé révolu. Il est possible, par l’architecture, de créer un dialogue entre l’ancien et le nouveau et de générer des espaces et des bâtiments de qualité. L’école, dans sa mission fondamentale, est fortement liée à cette prise de position. N’est-ce pas sa nature même de s’engager pour le présent et l’avenir plutôt que de rester figée dans le passé ?

Dans un contexte d’impératifs d’économie d’énergie, et en présence d’une façade d’intérêt patrimonial, une attitude intermédiaire peut mener à des actions qui intègrent une possibilité de réversibilité. La façade est conservée intacte mais dissimulée sous l’isolation par l’extérieur et une nouvelle finition. Si le contexte venait à changer (découverte d’une énergie renouvelable disponible et peu chère, par exemple), il serait alors possible de revenir à la façade originale.

Dans une situation où l’isolation d’une façade n’est pas souhaitée et dans le cas où le plan de l’école comprend un couloir en façade et des classes d’un seul côté, on peut envisager d’isoler la paroi entre les classes et le couloir, et de réduire la température dans ce dernier.

La modélisation informatique de cette solution a montré plusieurs choses :

La diminution de la température dans le couloir permet des économies de chauffage intéressantes (-20% pour un couloir chauffé à 15°C dans le cas modélisé). Le couloir agit alors comme espace tampon entre l’extérieur et les classe. Il doit être équipé de vannes thermostatiques institutionnelles (bloquées) pour appliquer une température de consigne entre 10°c et 15°C.

schéma

L’isolation de la paroi entre les classes et le couloir n’amène qu’une légère économie supplémentaire (- 2% pour un couloir chauffé à 15°C dans le cas modélisé)

 

 

 

Quelle est l’isolation de la façade existante ?

C’est à la fin des années 1970 que l’isolation des façades apparaît. La technique la plus souvent mise en œuvre était le placement de matelas de laine minérale dans la coulisse des murs doubles. Les épaisseurs mises en œuvre avant les années 2000 sont généralement faibles.

La durée de vie d’un isolant est estimée entre 30 et 50 ans dans la littérature, ce qui donne une indication mais n’exclut pas que dans la réalité, s’il a été correctement mis en œuvre, l’isolant conserve partiellement ou complètement ses propriétés au-delà de cette période.

Les façades non isolées, constituées de briques, de pierres, de blocs ou d’éléments de bétons, on toutes une très mauvaise performance thermique.

Outil pour évaluer la performance de la paroi existante

Mur plein de 32 cm d’épaisseur, en briques de terre cuite (1500-1600 kg/m³) :

U = 1.81 W/m²K

 

 

La façade existante est-elle étanche à l’air ?

Une bonne étanchéité à l’air des bâtiments permet de limiter les infiltrations d’air extérieur froid pendant la période hivernale et donc de réduire les consommations de chauffage.

Il n’y a pas de données fiables concernant l’étanchéité à l’air des écoles existantes. Etant donné le fait qu’on ne parlait pas de ce paramètre il y a 10 -15 ans, peu de bâtiments existants sont performants.

Dans le cas de bâtiments plafonné, l’étanchéité à l’air est assurée plus ou moins efficacement par le plafonnage. C’est surtout l’absence de continuité aux raccords qui est source d’infiltrations (raccords entre le mur et les châssis, entre le mur et la dalle, absence de plafonnage au niveau de la jonction des planchers, fuites au niveau du pied de toiture, etc.) )

Dans le cas de bâtiments non plafonnés (maçonnerie apparentes), les joints étant rarement continus, l’étanchéité à l’air est très mauvaise.

Une rénovation des façades permet d’améliorer l’étanchéité à l’air des bâtiments, l’intégration de cet objectif permettra des économies d’énergie de chauffage supplémentaires. Elle sera réalisée différemment suivant la technique d’isolation choisie, le soin apporté à sa mise en œuvre sera déterminant pour son efficacité.

schéma reprennant les éléments critiques de l'étanchéité à l'air

 

 

La façade est-elle structurellement porteuse

Dans le cas d’une façade non porteuse, les modifications de cette façade, ainsi que les éventuelles découpes nécessaires à la continuité d’une isolation par l’intérieur sont facilitée. Il est également envisageable de démolir l’entièreté de la façade non porteuse pour la remplacer par de nouveaux éléments isolés, éventuellement préfabriqués.

facade facade bois
Eléments de façade non porteurs entre des éléments structurels en béton Façade non porteuse, éléments structurels en retrait Façades en bois non porteuse, murs structurels perpendiculaires

 

La composition de la façade est-elle adéquate ? Pas assez ou trop de fenêtres ? Accès bien situés ? Rapport aux bâtiments voisins ?

L’isolation de la façade par l’extérieur permet d’envisager la modification de ses percements en limitant les surcoûts. Ce type de modification implique tout de même des travaux de finitions intérieure et/ou des travaux de structure, ainsi que d’éventuelles modification de châssis. Les motivations qui peuvent mener à ces modifications sont de plusieurs types :

  • Réduire des problèmes de surchauffe.

En présence de problèmes de surchauffe, on peut envisager de réduire la surface vitrée et les gains solaires qui en découlent. Il faut toutefois conserver assez de surface vitrée pour assurer le confort visuel. Si les châssis doivent être remplacés, on peut éventuellement modifier la hauteur des allèges. Les allèges vitrées, si elles ne sont pas essentielles pour la vue des petits ou pour l’architecture du lieu, peuvent être supprimées. Si les châssis sont récents, on envisagera plutôt, si le confort visuel et les besoins de ventilation le permettent, la suppression complète de certaines fenêtres.

Plus d'info dans "Je limite les surchauffes"

  • Améliorer le confort visuel

En présence de locaux sous éclairés ou si les fenêtres existantes ne permettent pas aux occupants de voir à l’extérieur, on peut envisager de modifier la façade. Le percement ou l’agrandissement de baies implique des travaux de structure (placement de linteaux), de finitions intérieures (ragréages, enduits, peintures) et des travaux de menuiseries extérieures (châssis neufs)

Plus d'info sur le confort visuel

  • Modifier l’image de la façade

Un objectif architectural peut mener à des modifications des percements.

  • Modifier les accès

Si une réorganisation des circulations de l’école est envisagée, maintenant ou dans le futur, l’isolation des façades est le moment de réfléchir à toute modification nécessaire de la façade. Si les accès doivent être modifiés, la façade sera adaptée en conséquence.

 

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