Limiter les impacts de l’utilisation des matériaux de construction

L’utilisation de matériaux de construction a des impacts environnementaux, sociaux et économiques. Pour faire face aux enjeux tels que les crises énergétiques et environnementales, ces impacts ne peuvent plus être négligés.  Pour les évaluer, il est nécessaire de comptabiliser les impacts de chaque étape du cycle de vie du matériau de construction, de l’extraction des matières premières à la fin de vie.

Schéma cycle matériaux

1. Consommation des ressources énergétiques : l’énergie grise des matériaux

2. Consommation des ressources non énergétiques : ressources renouvelables ou non, rares ou non,

3. Impacts sur l’environnement : pollution du sol, de l’air et de l’eau, modifications des paysages, pertes de biodiversité, …

4. Impacts sur la santé : toxicité, émission de polluants physiques et chimiques, …

Production de déchets

Impacts sociaux, économiques, politiques

 

Pourquoi

En Europe, on estime que le secteur de la construction est responsable de la consommation de 40% des ressources matérielles et de 35% de la production de déchets.

L’énergie est un enjeu majeur des crises géopolitiques mondiales. Le réchauffement climatique et les autres pollutions menacent nos environnements naturels, et mènent à des crises humanitaires, sociales, économiques qu’on ne peut ni nier ni négliger.

Économiquement, les matériaux représentent un marché important, et une part non négligeable du budget d’un bâtiment. Par le choix des matériaux, le maître d’ouvrage se positionne en consommateur et possède de ce fait un pouvoir sur le marché, et la société qui y est liée. La valorisation de critères environnementaux et sociaux pour le choix des matériaux de construction est donc un levier pour un changement global de la société vers un monde plus durable.

Les multiples impacts des matériaux ainsi que le pouvoir de « consommacteur » qu’il donne au maître d’ouvrage en font un des enjeux d’un projet d’école durable.

Le lien entre les matériaux de construction et la santé des travailleurs et des occupants est aussi à considérer dans le choix. Les matériaux composites, synthétiques, issus de la chimie industrielle, peuvent émettre des polluants atmosphériques, dont l'impact négatif sur la santé est avéré. Les matériaux de finition intérieure, qui ont un impact direct sur la qualité de l'air intérieur, seront choisis avec soin.

On estime que les matériaux représentent environ 40 % du coût de la construction d’un bâtiment.

L’ensemble du secteur de la construction représentait 18 milliards d’euros en 2011 (part du PIB belge)

 (source : spf économie)

 

Comment

Principe de la gestion des ressources de matièresschéma repris du guide pratique, réemploi, réutilisation des matériaux de construction (cifful, 2013).

 

 

Action 0 : Éviter l’utilisation de matière et la production de déchets

Le bâtiment change, et doit pouvoir encore changer dans le futur. La conception évolutive permet de limiter et faciliter les interventions d’adaptations ultérieures, qui sont source de consommations de matériaux et de création de déchets.

Avant de réfléchir sur les choix de matériaux, il est essentiel de considérer la nécessité même de ce matériau. Une réflexion sur la minimisation de la quantité de matériau mise en œuvre lors de la conception du projet peut permettre des économies de matière importantes. Un dimensionnement juste des structures, des espaces non cloisonnés ou une conception légère permettent par exemple d’économiser de la matière.

La compacité des bâtiments et leur dimensionnement auront aussi un impact important sur la quantité de matériaux à mettre en œuvre. Les bâtiments compacts et mitoyens permettront d’éviter les surfaces de façades dont les coûts économiques et environnementaux sont importants. La conception d’espaces multifonctionnels ou la mutualisation de certains équipements permettent par exemple de valoriser au mieux les espaces construits.

Plus d’info sur la conception évolutive – design for change

« Le matériau qui aura le moins d’impact négatif sera celui qui n’est pas mis en œuvre »

Développement d’une démarche « négamatériau », similaire à la démarche « négawatt » pour l’énergie

 

 

Action 1 : Maintenir, utiliser l’existant

Dans le cas de la rénovation, une conception qui vise à minimiser les démolitions d’éléments encore fonctionnels est essentielle. La conservation d’édifices ou de parties d’édifices existants permet de prolonger leur durée de vie. De ce fait, leur conservation permet d’une part de retarder les impacts environnementaux et économiques liés à leur démolition, et d’autre part, d’éviter les impacts environnementaux et économiques des matériaux qui auraient dû être utilisés pour remplacer fonctionnellement l’édifice ou la partie d’édifice démoli.

En ce qui concerne la minimisation des démolitions, les toutes premières phases du projet sont déterminantes. Les premières décisions doivent être basées sur une analyse précise de la situation existante et des possibilités de conservation.

Utilisation de matériaux inertes issus des démolitions
dans le bâtiment de l’espace kegeljan à Namur.

 

Actions 2 - 3 : Réutiliser et recycler sur le site

L’utilisation d’un matériau déjà construit permet d’éviter d’une part que ce matériau devienne un déchet, et d’autre part de bénéficier d’impacts environnementaux réduits aux opérations nécessaires pour permettre la réutilisation du matériau (nettoyage, ponçage...).

Un inventaire directeur reprenant de manière détaillée tous les éléments présents sur le site permet de récolter les informations concernant la quantité et les caractéristiques de tous les éléments qui ne seront pas conservés. Il permet d’optimiser les possibilités de réutilisation, sur place ou non, dans une fonction similaire ou pour un autre usage, avec ou sans transformation. La destination de chaque élément sera décidée sur base de cet inventaire directeur.

 

Action 4 : minimiser et gérer les déchets

Les déchets de construction

La construction et la rénovation génèrent inévitablement la production de déchets. Le tri de ces déchets permet leur évacuation vers les filières de recyclage les plus adéquates. Un plan de gestion des déchets, mentionnant la destination de chaque type de déchets, et les conditions de démontage - stockage éventuel, sera réalisé et discuté avec l’ensemble des intervenants, avant le début du chantier.

Un tri basique, obligatoire, comprend l’évacuation sélective des déchets dangereux (amiante, produits divers), des déchets inertes, des métaux, des bois et dérivés de bois, des déchets d’emballages et des palettes.

Un tri plus performant permet le recyclage et la réutilisation d’autres éléments.

  • Les éléments réutilisables, mais dont la réutilisation n’est pas possible dans le cadre du projet sont évacués vers des filières de réemploi.
  • Les éléments réutilisables, mais pour lesquels il n’existe pas de filière de réemploi (absence d’intérêt économique) seront proposés en don à toute personne intéressée. (Réseaux de « donnerie » locaux, petits riens, …)
  • Les chutes de certains produits de construction neufs comme les plaques de carton-plâtre où certains isolants peuvent être recyclées (collecte et renvoi à l’usine)

Les déchets « terre »

La construction occasionne souvent des fouilles et déblais. Ces volumes de terres, s’ils sont évacués, doivent être considérés comme déchets. Leur transport et leur traitement impliquent des consommations de ressources et l’émission de pollutions. La minimisation des déblais et l’utilisation des terres excédentaires sur place doivent être étudiées dès l’esquisse.

Action 5 : Privilégier les matériaux durables

Le choix des matériaux et procédés de construction est classiquement déterminé par un ensemble de critères tels que les performances mécaniques et thermiques, le prix, la facilité de mise en œuvre, l’esthétique, la facilité d’entretien...

Pour développer un projet durable, d’autres critères sont à ajouter.

Une analyse multicritère des impacts des matériaux de construction d’un bâtiment est un exercice compliqué. Les informations sont souvent difficiles à obtenir et même si des outils existent, aucun n’est parfait. Les éléments comparés doivent avoir des performances équivalentes et les données doivent être calculées de la même façon. Les évaluations partielles peuvent être trompeuses.

 

Des critères pour privilégier les matériaux durables

 

Plus d’info sur les hypothèses et la méthode d’évaluation ?

Plus d’info sur les outils d’évaluation des impacts environnementaux des matériaux ?

En plus des normes techniques, des normes culturelles et sociales s’appliquent dans le choix des matériaux. La société de consommation actuelle, via les médias,  influence l’appréciation des formes, couleurs, textures, pour créer une demande et vendre un maximum de matériaux et d’équipements neufs. Le « beau » doit être sans défaut, homogène, assorti, lisse, et varie fortement suivant la  mode pour entretenir le marché. Ces critères esthétiques s’opposent au réemploi, au recyclage, et génèrent donc une grande quantité de déchets et de pollutions. En être conscient permet de décider de s'écarter des standards du marché.

 

Le bâtiment et les matériaux doivent répondre à certaines normes et exigences, en fonction de leur usage.

  • La réglementation par rapport à la sécurité incendie
  • La réglementation acoustique
  • La réglementation PEB (performance des parois)
  • Les prescriptions urbanistiques (matériaux de façade, toiture, …)
  • Les normes relatives aux caractéristiques mécaniques et à la stabilité